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Retour à l'accueilChapeau-Rond-Rouge
Vers un autre poème ...

Il était une fois un bûcheron
Qui avait eu avec sa bûcheronne
Sept enfants, de bien charmantes personnes,
Mais ce n’est pas d’eux dont nous parlerons.

Nous allons vous conter ici l’histoire
D’un petit garçon qui aimait Spirou
Et comme lui avait les cheveux roux.

Il s’était découpé, peint, de mémoire,
Le chapeau de la bande dessinée
Et le portait fier, toute la journée.

Vous connaissez Spirou, son chapeau rouge ?
Eh bien, il s’en était fait un pareil :
Parfait pour se protéger du soleil,
Et qui tient bien accroché quand on bouge.

Il aurait bien aimé qu’on l’appela
Spirou ; mais hélas, dans son entourage
Cette BD n’était pas de leur âge,
Ils ne voyaient qu’un chapeau eh voilà.

« Le petit qui porte un chapeau rond rouge »
Disaient les gens quand ils parlaient de lui.
Je me demande un peu si aujourd’hui,
Le conte du petit chaperon rouge

N’est pas venu d’une déformation
Par Grimm et Perrault de mon personnage.
Se voir pillé n’est-il pas l’apanage
Des grands auteurs, des conteurs d’exception ?

C’est connu Perrault a plagié les frères
Grimm qui n’ont vécu que cent ans plus tard,
Et voilà qu’à leur tour ces deux vantards
Me copient ; ça n’est pas une première…

Reprenons le cours de notre récit :
Le garçon qui se rend chez sa grand-mère
Rencontre un loup cruel et sanguinaire :

« Prends ce long chemin, moi ce raccourci ;
Toi à travers bois, moi par la campagne.
On fait la course et que le meilleur gagne ! »

S’écrie le loup dans un rire narquois,
Avant de détaller à toutes pattes,
Laissant l’enfant planté dans ses savates.

Le petit se ressaisit : « Je fais quoi ? »
Prend son vélo, se lance sur la piste,
Montrant à tous ses talents de cycliste.

Le gosse était champion de VTT.
Traverser les bois à toute vitesse,
Lancé sur son bolide à fond la caisse,
N’était pour lui qu’une formalité.

Le voilà donc le premier à la porte
Ou, comme on disait à l’époque, à l’huis.
Les mains vides ! il a oublié chez lui
Beurre et biscuits qu’il fallait qu’il apporte !

« Tant pis, je vais retourner les chercher ;
Le loup, je m’en fous bien pas mal s’il gagne ! »
Il s’en reva par forêts et campagnes
En n’oubliant pas de se dépêcher.

« Par le raccourci ça ira plus vite ! »
Presque il renverse le loup en chemin,
Tout étonné de croiser le gamin,
Ce dernier, d'un coup de guidon, l'évite.

Le loup, à son tour, arrive en premier
Devant la porte avec la chevillette
À tirer pour voir choir la bobinette ;
Il est surtout content d’avoir gagné.

Mais l’animal comprend rien à la chose,
Il tambourine, affole la mémé,
L’insulte à travers la porte fermée !

« Il se prend pour qui, cet idiot qui ose
Ainsi traiter de tout ma grande sœur ? »
Se demande en voyant ça, un chasseur.

Aussitôt, il prend son fusil et vise…
« — Stop ! je suis un animal protégé !
Nul ne peut tirer ! pas même un berger ! »
Il a raison ; le chasseur se ravise.

Le loup s’en est retourné dans les bois,
Chapeau-Rond-Rouge a donné la galette
Après avoir fait choir la bobinette ;
C’est beaucoup moins compliqué qu’on le croit.

Ici personne n’a mangé personne ;
Juste chacun une part du gâteau
Que la grand-mère a fait un peu plus tôt.

Voilà que soudain, à la porte, on sonne.
— Va voir qui c’est ! — Ah oui ! c’est mon tonton.
— C’est mon petit frère ? qu’il entre donc.

On écoute alors le chasseur qui entre :
« Le loup, tout à l’heure, il fallait le voir !
Affamé, excité, le regard noir…
Sans moi, il vous aurait mis dans son ventre ! »

« Ça ferait un joli conte enfantin :
Le loup mange l’enfant et la grand-mère,
Pour dire aux enfants : la vie est amère,
Lavez-vous les mains du soir au matin ! »

« Si le loup mange un enfant aux mains sales
Il risque d’attraper des maladies
C’est mon vétérinaire qui le dit,
Et mon histoire doit rester morale. »

Le loup est un animal protégé
Il ne faut surtout pas qu’on l’empoisonne,
Les tueurs de loups, on les emprisonne. »

« — Alors Grand-Mère et moi, on est mangés ?
Jamais personne aimerait ton histoire !
Cruelle, idiote et difficile à croire ! »

Hurle alors Chapeau-Rond-Rouge en courroux.
« — Ça serait mieux que tu sois une fille
Un peu écervelée, et plus gentille. »
Dit alors le chasseur au garçon roux.

« — Tonton voudrait que je change de sexe ?
— Pas en vrai, c’est pour mon histoire à moi,
Ça change rien pour ma sœur et pour toi ;
Je ne comprends pas pourquoi tu te vexes ! »

Ainsi l’histoire a traversé le temps
Reprise par Grimm, Perrault, et bien d’autres
Mais la seule la vraie, c’est bien la nôtre,
Sans cruauté ; le loup est bien content.

Il était une fois, Petit-Poucet,
Fils d’un bûcheron, de sa bûcheronne,
Avec six frères, charmantes personnes,
Mais ce n’est pas d’eux dont il s’agissait.

RétroChrono Noté du 17 mars 2024 au 15 germinal CCXXXII (28 ventôse 232 au 3 avril MMXXIV). ChronoLogie
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