Je me tus

En cette occasion, je me tus.
— Quelle occasion vaut qu’on se tue ?
— Mais non ! je me tus, à l’époque ;
c’est un souvenir que j’évoque !

— Alors là, tu ne te tues plus…
— Me tuer ne m’a jamais plu !
L’occasion voulait que je dise,
mais par respect ou par couardise,

j’étais témoin, me comprends-tu ?
Tout ce que j’ai vu, je l’ai tu.
— « Jeu laitue » c’est quoi ces salades ?
Non, franchement tu me balades !

— Je te dis que j’étais témoin…
— Si t’es pas plus, c’est que t’es moins.
— Là, ça n’est carrément pas drôle,
on devrait inverser les rôles :

Toi qui me tus, moi qui te tue ;
et nul n’en saura rien, vois-tu ?
Pour vivre en harmonie sur terre
vaut-il mieux tuer que se taire ?

On te dira « pourquoi tus-tu ? »
plus souvent que pourquoi tues-tu ?
Qui entendra la différence ?
Qui sortira de son errance ?

Envoi :
J’ai entendu « pourquoi tu tues ? »
plus souvent que pourquoi tu tus ?
Mais qui entend la différence ?
Qui de vous, sort de son nez rance ?

311tb, le 12 ventôse 231 (2/3/23).



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Michel ASTRE, Poèmes et chansons pour les cinq saisons.