Retour à l'accueil Le juste milieuVers un autre poème ...

 

Quand j’étais petit, la France était belle,

Le monde n’était pas encore une poubelle.

La couche d’ozone et la pollution

Sont apparues plus tard à la télévision.

 

On vivait ici, c’était une chance :

Tout le monde ne peut pas être né en France ;

Un pays parfait, là, inespéré,

À la meilleure place en zone tempérée.

 

On nous apprenait tout ça à l’école.

Par ailleurs, on avait le Général de Gaulle,

On parlait français, on payait en francs,

C’était, avouez-le, pratique et rassurant.

 

Notre France était une république

Où l’on avait tous droit à l’école laïque.

On disait chez moi que c’est grâce à Dieu

Qu’on pouvait vivre ainsi, au plus juste milieu.

 

Quand j’étais petit, j’avais de la chance.

Déjà, j’étais français et j’habitais en France ;

J’aurais pu geler chez les esquimaux

Ou bien me dessécher sur le dos d’un chameau,

 

Être un petit Noir ou un petit Jaune

Et puis, comble de tout, n’être pas francophone !

Dépenser mes sous en marks, en dollars,

Devenir un voyou et traîner dans les bars ...

 

Jeune avoir connu restrictions et guerre

Et n’avoir pas repris l’Alsace et la Lozère.

Non. Grâce au bon Dieu, rien de tout ceci ;

J’ai eu l’immense fortune de naître ici

 

Au plus bel endroit de la République,

Sur la côte d’Azur, au climat idyllique.

À Antibes, en plus, c’était merveilleux,

Et pas en pleine ville, que souhaiter de mieux ?

 

Oui, j’étais un enfant de la campagne,

— C’est le juste milieu entre ville et montagne —

Mieux que paysan : fils d’horticulteur,

Et mon père produisait les plus belles fleurs.

 

Chrétien, pratiquant, croyant, catholique,

J’étais enfant de chœur, je chantais les cantiques ;

Je connaissais bien la messe en latin

Sans être toutefois bigot ni calotin.

 

Quand j’étais petit, la France était belle.

Le monde n’était pas encore une poubelle.

Ozone, sida, drogue et pollution

Sont apparus plus tard, à la télévision.

 

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