Retour à l'accueilLoup (le) et l’AgneauVers un autre poème ...

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous1 l’allons montrer tout à l’heure.

Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
— Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
— Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
— Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau, je tette encor ma mère.
— Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
— Je n’en ai point. — C’est donc quelqu’un des tiens :
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens
On me l’a dit : il faut que je me venge. »
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l’emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Le Loup sous-estimait un peu son adversaire ;
Il le broie sans méfiance entre ses crocs puissants.
Mais voilà qu’il reçoit un éclat de viscères
En plein dans l’œil. Ça pique et c’est vexant.

Pathétique Ysengrin prit alors la parole
Évoquant les moutons, les bergers et les chiens
Il rappela à tous son propre rôle :
Protéger le monde, et les siens.
« Après avoir osé polluer nos rivières2
Voilà qu’ils nous aveuglent en tirant dans le tas.
Comme des traîtres, par derrière.
On ne peut tolérer de pareils attentats.
Tous unis envoyons nos meutes et nos hordes !
Afin de rétablir la paix,
Rappelons leur qu’on est de ceux qui mordent
Et qu’ils nous doivent le respect. »

Galvanisés les loups écumèrent l’alpage,
Décimant les troupeaux, pillant les bergeries
Détruisant tout sur leur passage
N’hésitant pas dans leur furie
À user des pires tortures
Et à trahir parfois les leurs.

Mais la race des faibles a hélas la vie dure
Et il en naît plus qu’il n’en meurt.


Jusqu’au 29e vers : Jean de La Fontaine (1621-1695) I.10
Le reste : vendredi 2 novembre 2001 (moi).
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Courriel
Michel ASTRE, Poèmes et chansons pour les cinq saisons.


Notes :

1)La Fontaine (jusqu’à procès) et moi.

 

2)Ce que ne disent pas les manuels d’histoire
Mais que chacun sait
C’est
Que c’est le Loup qui a pissé
Sur la fontaine pour marquer son territoire.

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