poème policier
Roman policier,
Série policière…
Je vais essayer
Ça, à ma manière.
Comme un peu meurtre à
– Version poétique –
Le nec plus ultra
Sur télé publique.
Un trottoir tout gris,
Des passants qui passent,
Quand soudain l’un crie :
Là, devant sa face,
Un gros plan affreux ;
Recul, générique.
Vue de flics entre eux,
Survol touristique.
La belle inconnue
Connue des services
Est retrouvée nue,
Couleur écrevisse.
« Sergent, qu’est-ce qu’on a ?
— La victime est morte ;
Très jolie nana,
Sans doute une escorte. »
« Elle a ses papiers
Et son téléphone :
Pour l’identifier,
Besoin de personne. »
« C’est un peu trop tôt
Pour l’arme du crime ;
Peut-être un couteau,
Tournevis ou lime. »
« — La coloration ?
Qu’en dit le légiste ?
— Après réflexion,
Il n’a pas de piste. »
« — Peut-être un clin d’œil
À ces vieux usages
Où des gens en deuil
Peignaient leurs visages. »
« — Mais là, c’est le mort
Qu’on a peint en rose…
Et sur tout le corps !
C’est donc autre chose. »
« — Mais les gens d’ici
Croient tous aux légendes,
Ceux d’ailleurs aussi
Et la terre est grande… »
« Alerte ! un quidam
Qui franchit la zone,
Sur le macadam
Balisé de jaune ! »
« — Un gars qui pourrit
La scène ! on l’arrête !
— Il vient de Paris,
Il reprend l’enquête : »
« —Vous les provinciaux
Avez compétences
Pour vols de bestiaux,
Époux qui se tancent… »
« — Je le reconnais !
C’est l’ex de ma femme !
Trois fois condamné
Pour violence infâme. »
« — J’ai été blanchi.
Défaut procédure ;
Ils ont réfléchi,
À la préfecture… »
« Bon, vous en êtes où ?
On doit tous se dire.
Je dois savoir tout.
Je suis chef ; sans rire. »
« — On a un suspect :
Il a pris la fuite,
On l’a rattrapé.
— La course poursuite… »
« Vous m’en direz tant !
Scénario conforme :
Tout arrive à temps,
Ça prend vraiment forme ! »
« Interpellation,
Interrogatoire
Un peu sous pression,
C’est obligatoire. »
« — Je n’y suis pour rien !
Voyez plutôt l’autre.
Le bonhomme aux chiens
Qui n’est pas des nôtres ! »
« — Vous n’y pensez pas !
J’étais à la fête
Apéro, repas,
Avec la préfète ! »
« — C’est pas moi non plus !
Je suis allergique
À l’eau : il a plu,
Alibi logique ! »
« — J’ai le procureur
Qui me pousse aux fesses :
À la moindre erreur,
Je passe à la caisse ; »
« On a des suspects
Mais aucun mobile…
— Chef, sauf le respect
Soyez pas débile ! »
« Parmi les témoins,
On a le coupable :
Celui qui de loin
Semble insoupçonnable. »
« Combien on parie,
En fin d’épisode ?
La loi des séries
Suit toujours ces codes. »
« En plus on verra
Qu’entre ex de la même
Tout s’arrangera,
Finis vos problèmes ! »
« À moins que ce soit
Vous le vrai coupable…
— C’est pas bête en soi ;
et j’en suis capable ! »
« J’ai un alibi,
Mais il est fragile ;
Ce que j’ai subi
Peut être un mobile : »
« On m’a accusé
À tort de violences ;
Ça pourrait causer
L’envie de vengeance. »
« Bon ; arrêtez-moi !
J’ai tout qui m’accuse.
Lisez-moi mes droits
Sinon, je refuse. »
« La victime était
En plus ma maîtresse,
Et elle allait té-
Moigner à la presse ! »
« En donnant raison
À la femme à l’autre ;
Dur pour la Maison,
J’ai pensé aux nôtres. »
« J’ai fait ça d’abord
Pour nous, la police
Accusée à tort,
Souvent, de sévices. »
« — Et pour la couleur ?
Pourquoi tout ce rose ?
— Devant sa pâleur,
J’ai changé les choses… »
Tout est bien fini ;
Le méchant s’explique.
Il sera puni.
Fond noir ; générique.
Noté du 10 janvier au 15 juin 2024 (du 21 nivôse au 28 prairial 232).
Confidentialité
Michel ASTRE, Poèmes et chansons pour les cinq saisons.